La ‘Aqiqah
La ‘Aqiqah désigne la cérémonie liée à la naissance d’un enfant dans l’islam. Traditionnellement, le mot ‘Aqiqah fait référence aux cheveux du nouveau-né, mais dans le contexte islamique, il désigne le sacrifice d’un animal offert pour l’enfant le septième jour après sa naissance, lors du rasage de ses cheveux.
Selon le droit islamique, la ‘Aqiqah est une offrande faite en reconnaissance à Allah, pour montrer la gratitude des parents et annoncer la bonne nouvelle de la venue de l’enfant. Les écoles juridiques Shafi’i et Hanbali considèrent la ‘Aqiqah comme une sunna fortement recommandée. Les Hanafis la jugent permise mais non obligatoire, tandis que les Malikis la voient comme une recommandation moins impérative que la sunna.
Il est aussi recommandé au père de sacrifier un animal pour son enfant, même s’il traverse des difficultés financières et doit emprunter pour le faire. Pour un garçon, on sacrifie généralement deux moutons similaires en âge et en caractéristiques, et pour une fille, un seul mouton. Le Prophète Muhammad (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Pour un garçon, deux moutons équivalents, et pour une fille, un mouton. »
La ‘Aqiqah doit être effectuée le septième jour après la naissance de l’enfant. Ce jour-là, on rase aussi la tête du nouveau-né et on fait une aumône équivalente au poids des cheveux en argent. Ce même jour, on donne un nom à l’enfant et on choisit un beau nom. Si le sacrifice ne peut être fait le septième jour, il peut être fait le quatorzième ou le vingt-et-unième jour, au-delà de ces jours, la ‘Aqiqah peut se faire n’importe quel jour.
Suivre ces étapes et traditions permet non seulement de se conformer aux enseignements du Prophète Muhammad (paix et bénédiction d’Allah sur lui) mais aussi de tisser des liens communautaires en partageant la viande sacrifiée avec les proches et les nécessiteux. Ainsi, la ‘Aqiqah est une belle occasion de cultiver la gratitude, la générosité et la solidarité.
Comment Faire la ‘Aqiqah : Guide Pratique et Tradition Islamique
La meilleure façon de réaliser l”Aqiqah consiste à sacrifier un mouton pour le nouveau-né. Une dromadaire ou une vache ne peuvent être sacrifiées que si elles sont complètes. Les règles de l”Aqiqah sont similaires à celles de l’offrande de l’Eid al-Adha (“Udhiyah”), ne validant que les mêmes animaux acceptés pour l’offrande. L”Aqiqah doit être réalisée avec les mêmes préférences et aversions que l’offrande, et respecte les mêmes méthodes d’abattage:
- Pour l”Aqiqah, il est préféré de sacrifier un mouton, le plus gras et le plus cher, selon le verset : “Cela [concerne le sacrifice] et quiconque exalte les rites d’Allah, cela émane de la piété des cœurs” (Sourate 22:32). Ibn Abbas a dit :
“L’exalter, c’est choisir le meilleur et le plus beau des animaux pour le sacrifice”.
- Il est préférable de sacrifier un mouton âgé de six mois complets (jadh’ah) plutôt qu’une chèvre âgée d’un an (thaniyy), car la viande de mouton est plus tendre. Un mouton ou une chèvre de cet âge est préférable à un segment de chameau ou de vache.
- Pour le mouton, il doit avoir au moins six mois complets, et pour la chèvre, un an. La vache doit avoir deux ans et le chameau cinq ans. Un mouton peut être valable pour une personne et sa famille, tandis qu’une vache ou un chameau peut être partagé entre sept personnes (comme indiqué dans le Hadith de Jabir Ibn Abdullah).
- Les animaux sans cornes, sans oreilles ou avec des oreilles petites sont acceptables. Un animal castré ou stérile est également valide pour le sacrifice, comme mentionné dans le hadith où le Prophète Muhammad (paix et bénédictions soient sur lui) sacrifiait deux grands moutons, castrés et cornus, en disant:
“Oh Allah, cela vient de Toi et est pour Toi”.
- Les animaux ayant des défauts évidents comme être aveugles, maigres, boiteux ou malades ne sont pas acceptés. Le Prophète (paix et bénédictions soient sur lui) a explicitement interdit de sacrifier de tels animaux.
- Il est recommandé que le sacrifice de l’Aqiqah soit fait en position debout pour les chameaux (piqués à la base du cou), et couchée sur le flanc gauche pour les vaches et les moutons, dirigés vers la Qibla, avec la prononciation de Allahu Akbar (Dieu est le Plus Grand).
- La tradition veut que les parties de l’animal soient découpées précisément à chaque articulation sans casser les os, en signe de protection et de prospérité pour le nouveau-né. La viande est de préférence cuite et distribuée, avec un morceau réservé à la sage-femme.
Ce guide pratique vise à respecter la tradition islamique tout en simplifiant le processus pour les familles. Suivre ces étapes avec soin contribue à honnorer cette pratique ancestrale et renforce les liens communautaires par le partage et la gratitude.
Le but de la ‘Aqiqah et ses bienfaits
La ‘Aqiqah est un acte sacrificiel offert à Dieu -le Très-Haut- en reconnaissance de la naissance d’un enfant et son arrivée dans ce monde. Cet acte de dévotion procure des avantages significatifs au nouveau-né, de la même manière que les prières (du’â) faites pour lui. La ‘Aqiqah sert également à impliquer l’enfant dans les rites religieux et à le consacrer dès sa naissance.
Parmi les bienfaits de la ‘Aqiqah, elle libère l’enfant de toute dette spirituelle. En effet, chaque nouveau-né est lié à sa ‘Aqiqah. Elle est aussi comparable à une rançon offerte pour l’enfant, à l’instar du bélier sacrifié par Dieu -qu’Il soit exalté- en remplacement du prophète Ismail -paix sur lui- comme mentionné dans le Coran. Autrefois, à l’époque de l’ignorance (Jahiliya), les Arabes sacrifiaient des animaux pour leurs enfants et nommaient ce rite ‘Aqiqah. Ils avaient aussi pour coutume d’enduire la tête du nouveau-né du sang de l’animal sacrifié.
Le Prophète Mohamed -paix et bénédictions soient sur lui- a approuvé l’acte de sacrifier pour les nouveau-nés tout en annulant la dénomination ‘Aqiqah et la pratique consistant à enduire de sang la tête du nourrisson. Ce sacrifice doit être réalisé en tant qu’acte de dévotion pour Dieu -le Très-Haut- similaire à l’offrande de qurban (sacrifice rituel de l’Aïd al-Adha) et du hadiy (sacrifice du pèlerinage).
Références
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