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Qui sont les Ahlu dhimmi et quelle est leur place dans la culture islamique ?

Qui sont les Ahlu dhimmi et quelle est leur place dans la culture islamique ?

Les Ahlu dhimmi

Le terme “dhimmi” dérive du mot arabe “dhimma,” qui signifie protection, garantie ou assurance, ainsi, le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) a dit:

« Les musulmans ont des droits égaux à la protection de leur sang, et le plus bas parmi eux peut accorder cette protection. ».

La dichotomie est également utilisée pour exprimer des notions de droits et de respect, chez les juristes islamiques, c’est la condition qui permet à une personne d’avoir des droits ou des obligations, par exemple, si quelqu’un dit : « Cela est sous ma protection (en dhimma). »

En ce qui concerne les différentes confessions religieuses, les ahlu dhimmi sont les non-musulmans bénéficiaires d’un pacte de protection, souvent des Gens du Livre (Juifs et Chrétiens), vivant au sein des terres d’islam. Ils sont appelés Ahlu dhimmi parce qu’ils ont accepté de vivre sous la protection et la garantie des musulmans.

Le concept de dhimma est mentionné dans le Coran, où Allah dit :

«Comment! S’ils prennent le dessus sur vous, ils ne respecteront ni parenté ni engagement envers vous ; ils vous satisferont avec leurs bouches, mais leurs cœurs vous rejettent, et la plupart d’entre eux sont des pervers. »[Coran, Sourate 9, Verset 8].

Selon l’analyse de l’érudit Al-Qurtubi, ce verset signifie que la dhimma inclut tout engagement ou honneur dont le non-respect entraîne un péché. De plus, Ibn Ashur dans son œuvre At-Tahrir wa At-Tanwir explique que la dhimma se réfère aux liens de compagnie, d’alliance et de voisinage, qui doivent être protégés pour des raisons de moralité: «En vertu de mon engagement de protection, je m’engage à le maintenir et à le protéger. » L’Imam Al-Nasafi, en expliquant le Manar, indique que la dhimma concerne la personne elle-même, sous-entendant que l’engagement ou l’accord touche à la fois la personne et sa position.

Le traitement des Ahlu dhimmi

Dieu a ordonné de bien traiter les gens du Livre (chrétiens et juifs), de les honorer et de ne pas leur nuire ni les oppresser, Allah dit dans le Coran:

(et fais le bien envers les parents, les proches, les orphelins, les nécessiteux, le voisin proche, le voisin éloigné, le compagnon de route…).

La mention du “voisin éloigné” dans ce verset peut inclure le voisin chrétien ou juif. Parmi les principes de la relation avec les gens du Livre figure la nécessité de les protéger et de ne pas leur faire de mal à condition qu’ils ne soient pas en guerre contre les musulmans. Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a également insisté sur cette bienveillance à travers de nombreux hadiths. Ainsi, le Sahih al-Bukhari rapporte :

(Celui qui tue un allié (dhimmi) ne sentira pas l’odeur du Paradis, bien que celle-ci puisse être sentie à une distance de quarante ans).

Il est aussi permis de rendre visite aux gens du Livre, notamment en cas de maladie. Le Prophète a, par exemple, rendu visite à un jeune serviteur juif malade, lui conseillant d’embrasser l’islam. Le jeune homme accepta et prononça la shahada, ce récit illustre plusieurs enseignements : il est permis d’avoir un serviteur non-musulman, de lui rendre visite et de le conseiller en vue de le guider vers l’islam, les savants divergent toutefois sur la question de rendre le salut aux gens du Livre. Abou Hurayra rapporte que le Prophète a dit:

(Ne saluez pas les juifs et les chrétiens en premier; et quand vous les rencontrez sur un chemin, obligez-les à se tenir sur le côté étroit).

Ibn al-Qayyim, dans son livre Zad al-Ma’ad, mentionne que la majorité des savants déconseille de saluer en premier les gens du Livre. Cependant, certains comme Abdullah ibn Abbas, Abu Umamah, Ibn Muhayriz et l’imam al-Shafi’i tolèrent cette pratique. De plus, certains savants autorisent à saluer les gens du Livre dans un but supérieur, comme la prévention d’un mal ou en raison de liens de parenté. Il est également permis d’échanger des cadeaux entre un musulman et un chrétien ou un juif.

Ahlu dhimmi et leur statut dans la culture islamique

Les érudits musulmans ont détaillé de nombreux préceptes concernant les Ahlu dhimmi, aussi connus comme les gens du livre vivant sous la protection islamique. Voici quelques-unes de ces directives expliquées en détail :

  • Mise en garde contre les alliances avec les non-musulmans : Allah avertit les musulmans de ne pas prendre les gens du Livre comme conseillers proches. Dans le Coran, il est dit:

    “Ô vous qui croyez, ne prenez pas en confidence des gens autres que les vôtres, car ils ne manqueront pas de vous corrompre. Ils aimeraient ce qui vous cause du tort; la haine se dégage de leurs bouches, mais ce que cachent leurs poitrines est encore pire. Nous vous exposons les signes, si vous savez raisonner.” (Coran 3:118)

    L’interdiction vise ainsi à empêcher les intrus de s’intégrer dans les affaires intérieures, notamment celles de la gouvernance. Le calife Umar Ibn al-Khattab a également conseillé:

    « Ne faites pas travailler les gens du Livre car ils considèrent acceptables les pots-de-vin. Pour vos affaires, faites appel à ceux qui craignent Allah. »

    Il est également déconseillé d’engager les gens du Livre dans les transactions commerciales.

  • Interdiction de se reposer sur les injustes : Dieu a mis en garde les musulmans contre le recours aux injustes, en disant:

    “Et ne vous inclinez pas vers ceux qui commettent l’injustice, sinon le feu vous touchera. Vous n’avez pas d’alliés en dehors d’Allah et vous ne serez pas secourus.” (Coran 11:113).

    Ce verset inclut aussi les Ahlu dhimmi, car ils sont considérés comme infidèles, et comme il est dit:

    “Les mécréants sont les injustes.” (Coran 2:254)

    L’imam Al-Qurtubi précise que le terme “s’appuyer” signifie ici se reposer sur eux, les accepter, et être satisfaite de leurs actions, ce qui mènerait à l’adoption de leurs comportements et à l’exposition à l’Enfer au Jour du Jugement.

L’islam encourage ainsi ses fidèles à maintenir une indépendance religieuse et éthique, veillant à gérer leurs affaires sans s’appuyer sur ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances et valeurs.

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