Qui sont les Sémites ?
Les historiens ne connaissent pas avec précision l’époque à laquelle les Sémites ont émergé dans la préhistoire ni la durée exacte de leur présence. Toutefois, on sait qu’ils comptent parmi les peuples les plus anciens de l’histoire. Le terme “sémites” apparaît pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle, tandis qu’auparavant on les désignait généralement sous l’appellation de “peuples orientaux”.
Le terme “sémite” trouve son origine dans le nom de Sem, fils du prophète Noé (que la paix soit sur lui), il a été attribué à un groupe de peuples habitant la région du Moyen-Orient, en particulier le Levant, l’Arabie et la Mésopotamie. Ce terme ne désigne pas une nation unifiée avec un seul État et une seule entité commune.
Cependant, ce qui unissait ces peuples était la similitude de leurs langues. On peut dire que ces peuples possédaient à une époque une langue commune qui s’est ensuite fragmentée en divers dialectes. Avec le temps, ces dialectes ont évolué en langues distinctes, mais ces langues ont conservé des caractéristiques linguistiques communes.
Caractéristiques des peuples sémites
Il est difficile de définir les peuples sémites avec des caractéristiques précises, car ils ont traversé différentes époques au cours desquelles leurs descriptions ont beaucoup varié, de plus, la vaste étendue géographique de leurs territoires, couvrant plusieurs continents, a contribué à la diversité de leurs traits distinctifs. On peut diviser ces caractéristiques en deux périodes principales.
Première période des Sémites
Durant cette époque ancienne, les Sémites présentaient plusieurs caractéristiques spécifiques, parmi lesquelles :
- Nomadisme
Dans cette période historique, marquée par un environnement désertique, les Sémites vivaient principalement dans des zones arides. Leur principal mode de vie était le nomadisme, et leur activité principale était l’élevage, notamment de moutons. Le chameau était le moyen de transport privilégié chez les Arabes.
- Structure familiale étendue et cohésive
La famille sémitique était structurée de manière patriarcale avec le père au sommet de la hiérarchie. Cette organisation était dominée par les hommes, qui détenaient l’autorité et prenaient les décisions. L’homme contrôlait également l’héritage, excluant totalement les femmes de tout droit successoral.
- Foi et religiosité
Certains Sémites suivaient le monothéisme apporté par les prophètes, tandis que d’autres se tournaient vers le polythéisme à différentes époques, adorant des idoles et suivant des croyances en plusieurs divinités.
- Pratiques religieuses
Ils effectuaient des rituels religieux comme offrir des sacrifices aux divinités et égorger des animaux en leur honneur.
Période avancée des Sémites
Dans les périodes plus récentes, les caractéristiques des Sémites ont évolué, marquant plusieurs changements notables:
- Perpétuation des traditions anciennes
Les Sémites ont conservé certains aspects de leur héritage, tels que l’adoration des idoles et les sacrifices rituels. - Émergence de l’individualisme et de la propriété privée
Les individus ont commencé à posséder des biens en dehors du cadre familial et communautaire. - Inégalités sociales et émergence de classes
Les sociétés sémitiques ont vu apparaître des différences sociales et une stratification en classes.
- Établissement d’une classe aristocratique
Les progrès réalisés par les Sémites ont conduit à l’émergence d’une classe aristocratique dictée par les nouvelles conditions de vie. - Nouveaux systèmes économiques
Ils ont développé des systèmes économiques plus sophistiqués, abandonnant les méthodes primitives pour adopter le commerce, qu’ils ont perfectionné et façonné. - Développement de la navigation maritime
Les Sémites ont été parmi les premiers à utiliser la mer pour le commerce et le transport des marchandises.
- Épanouissement des arts et des lettres
Les Sémites ont produit des œuvres littéraires et artistiques reflétant des perspectives humaines diversifiées, en lien avec la variété de la vie quotidienne. - Apparition du clergé et du sacerdoce
Les pratiques religieuses se sont structurées, donnant naissance à des prêtres et une classe religieuse distincte, tout en évoluant vers des cultes et des croyances plus complexes. - Capacité d’assimilation des autres cultures
Les Sémites possédaient une aptitude notable à s’intégrer et à interagir avec d’autres peuples, enrichissant ainsi leur propre culture.
Chacune de ces périodes témoigne de l’évolution continue des peuples sémites et des transformations profondément ancrées dans leur histoire antique et leur interaction avec les environnements et cultures environnantes.
Les peuples sémites anciens et leur foyer initial
Les populations appelées Sémites incluent les Arabes de la péninsule arabique, divisés en Arabes du Nord et du Sud, ainsi que les Assyriens, les Babyloniens et les Araméens, qui vivaient en Mésopotamie à des époques variées.
Parmi eux, on trouve également les Cananéens, les Phéniciens, les Amorites, les Moabites, les Édomites, les Ammonites et les Hébreux, qui habitaient les cités-États de la région du Levant à différentes périodes. On pourrait aussi ajouter certains territoires d’Afrique, comme la Somalie et l’Éthiopie.
Les chercheurs attribuent le terme « Sémites » aux peuples géographiquement situés dans la région du Levant, de la Mésopotamie et de la péninsule arabique. Géographiquement, ces populations sémites se divisent en deux groupes principaux :
Peuples sémites du Nord
- Orientaux : comprenant les locuteurs de l’akkadien, du babylonien et de l’assyrien.
- Occidentaux : regroupant les locuteurs de l’ougaritique, du cananéen (qui inclut le phénicien, l’hébreu et le moabite) et enfin de l’araméen.
Peuples sémites du Sud
- Arabes du Sud : se rapportant à l’arabe classique et aux langues de l’ancienne région du Yémen, ainsi qu’aux langues éthiopiennes.
Bon nombre de chercheurs estiment que les origines des peuples sémites, à l’époque ancienne, se situent dans la péninsule arabique, puis le Levant et la Mésopotamie. Cependant, leurs avis divergent quant à leurs foyers avant la période arabe, proposant plusieurs hypothèses :
- Les origines des langues sémitiques en Afrique, soit en Afrique du Nord, soit vers la Somalie, d’où elles se seraient répandues vers la péninsule arabique.
- Une origine en Asie centrale ou en Arménie.
- Le Nord de la Syrie.
- La Mésopotamie.
Ces hypothèses illustrent la complexité des migrations et des interactions linguistiques au sein des populations sémites depuis l’Antiquité.
Les Migrations Sémites depuis la Péninsule Arabique
Les migrations sémites ont pris leur départ de la péninsule arabique. Les raisons derrière ces mouvements de populations sont variées :
- La pression économique et les conflits liés aux ressources vitales.
- La désertification et l’assèchement des puits, le recul des eaux maritimes, les bouleversements géologiques et la disparition du couvert végétal, ont tous contribué aux migrations successives des peuples sémites en quête de pâturages et d’eau.
- Les circonstances politiques, les guerres, la faiblesse des administrations locales et la corruption politique et sociale, ainsi que l’ingérence de nombreuses nations dans les affaires des États arabes.
Ces migrations se sont déroulées sous forme de vagues distinctes, que l’on peut diviser en quatre grandes vagues :
- La première vague : Les Akkadiens
- Les Akkadiens babyloniens : Ils quittèrent la péninsule arabique pour la Mésopotamie, où ils établirent une grande civilisation dans le sud de cette nouvelle contrée, avec des villes comme Babylone. L’un de leurs rois les plus célèbres fut Sargon d’Akkad.
- Les Akkadiens assyriens : Ils s’installèrent au nord de la Mésopotamie, fondant une civilisation forte et prospère sur le plan militaire. Ils contrôlèrent de vastes régions de l’Irak et du Levant, et leur période fut marquée par des avancées notables en médecine, en astronomie, en mathématiques et en littérature, avec Ninive comme l’une de leurs villes les plus célèbres.
- La deuxième vague : Les Cananéens
- Les Phéniciens : Ils se dirigèrent vers le Levant et les côtes méditerranéennes, où ils fondèrent des villes comme Sidon, Tyr, Byblos et Beyrouth.
- Les Ougaritiques : Ils se déplacèrent vers le nord de la Syrie, où ils créèrent la ville de Lattaquié.
- Les Moabites : Ils établirent leur royaume en Palestine et en Jordanie.
- La troisième vague : Les Araméens
Nomades, ils s’établirent dans les déserts d’Irak et du Levant, atteignant Aqaba. Ils fondèrent l’État chaldéen puis migrèrent vers la Mésopotamie, où ils s’installèrent.
- La quatrième vague : Les Arabes du Sud
- Ces populations se dirigèrent vers le sud, atteignant l’Éthiopie.
Ces déplacements illustraient une recherche constante de meilleures conditions de vie, influencée par des facteurs environnementaux, politiques et sociaux.
Références
- Sabetino Moscati (1986), Les civilisations sémitiques anciennes, Beyrouth : Dar Al-Rouki, pages 42-44.
- Abdelwahab Elmessiri, Encyclopédie des Juifs, du Judaïsme et du Sionisme, pages 234-236, volume 10.
- Abdelwahab Elmessiri, Encyclopédie des Juifs, du Judaïsme et du Sionisme, page 233, volume 10.
- Shawqi Daif, Histoire de la littérature arabe à l’époque préislamique, page 22.
- Sabetino Moscati (1986), Les civilisations sémitiques anciennes, Beirut, Liban : Dar Al-Rouki, page 34.
- Jawad Ali (1422), Un examen détaillé de l’histoire des Arabes avant l’Islam (4ème édition), pages 240-254, volume 1.
- Shawqi Daif, Histoire de la littérature arabe à l’époque préislamique, pages 23-25.